
Désuétude du bien commun (1/8)
Désuétude du bien commun. Peut-on encore partager un espace libre, ouvert et bienveillant ? A la suite de deux siècles d’auto-critique des (…)
lundi 23 juin 2025 , par
Conditions d’une refonte du dialogue démocratiqueEn conclusion, le système démocratique n’a pas d’équivalent dans le monde en tant que système pourvoyeur de libertés et de connaissances. Il reste le meilleur rempart contre les totalitarismes et les dogmatismes. Mais un nouveau mal s’impose à nous comme un défi existentiel : la post-vérité. Et même si la défiance envers toute forme d’autorité atteint son paroxysme et que la pluralité y fait souvent office d’alibi à la fragmentation, les régimes démocratiques ne manquent pas de ressources ni de bonnes volontés.
Gardons-nous donc de céder au chant des sirènes révolutionnaires, lesquelles entendent raser la maison au prétexte que le papier peint est défraichi et l’équipement de la cuisine pas aussi performant qu’espéré. Attention, il ne s’agit pas de redéfinir maintenant le moyen de faire renaître les valeurs du passé sur le modèle de « c’était mieux avant ! » Il s’agit plutôt de retrouver la méthode, les outils, les assurances que nous pourrons, en tant que société, puiser dans le dialogue démocratique les valeurs sur lesquelles accorder notre vivre-ensemble, sur la base de nos acquis. Pour cela, voici trois pistes sur la manière de refonder les conditions d’un dialogue démocratique.
Premièrement, une réhabilitation de la rigueur intellectuelle qui ne soit pas une posture ou une imitation, mais une exigence. Rappeler inlassablement que croire et savoir sont différents. Savoir relève du factif tandis que croire repose sur une adhésion subjective qui n’a pas besoin de preuve.
Deuxièmement, la reconstruction d’un espace public du désaccord dans lequel les différences d’interprétation ne dégénèrent pas en conflit de subjectivité. Pour cela, il est indispensable de développer un anti "scepticisme pyrrhonien". Les actions d’une personne doivent suivre les doutes qu’elle formule. Par honnêteté, il ne peut y avoir doute de forme (uniquement intellectuel, en paroles). Par ailleurs, il ne peut y avoir de doute s’il n’y a pas de question à partir de laquelle douter. Ce qui donne sens à un doute, c’est son insertion dans un contexte particulier : il doit y avoir de bonnes raisons de douter. Le doute ne peut exister en premier. Il arrive après une croyance et un système qui permet de penser. On ne peut douter de tout, sans quoi nous ne pourrions même pas douter. Et puis, il ne peut y avoir de question du doute s’il n’y a pas de question de la certitude.
Troisièmement, une refondation de la notion d’universel comme horizon partagé. La pratique est première en philosophie comme dans la vie. Toutefois, si la pensée doit être liée à l’action, elle ne saurait s’y réduire : elle se doit d’être moins liée à des situations ponctuelles qu’à une conduite générale que l’on vise, par des principes, des valeurs et des idéaux : adogmatiques, débattus et réinterprétés mais jamais abandonnés.
Nous demeurons convaincus qu’il n’y a aucune garantie que telle ou telle connaissance ne nécessitera jamais de révision. Mais réviser une connaissance n’est pas accepter une relativité des savoirs. Les connaissances ont pour caractéristiques d’être fondées et discutées par des pairs « sachant ». Il va de la responsabilité des débateurs de s’élever à cet état pour entrer dans la dispute.
Quant aux applications concrètes des pistes évoquées ci-dessus, elles sont de la responsabilité et de l’initiative des composantes démocratiques locales, et des personnes qui les composent : citoyens, entreprises, institutions étatiques, associatives, auteurs, journalistes, intellectuels, etc. Ce sont eux qui sauront transformer les caractéristiques de la post-vérité en opportunités d’un renouveau démocratique construit sur la base de l’ancien monde et à l’écoute des particularités contemporaines. Eux à même de saisir toutes les nouvelles occasions de s’approcher de la vérité et de lutter contre le scepticisme absolu et ses dérives.
Désuétude du bien commun. Peut-on encore partager un espace libre, ouvert et bienveillant ? A la suite de deux siècles d’auto-critique des (…)
Si l’organisation démocratique trouve sa source dans l’antiquité, ses caractéristiques comme ses modalités ont évolué au cours des siècles, et (…)
Le processus de démantèlement des structures conceptuelles et des catégories considérées comme stables ou universelles, même au nom de la (…)
Les valeurs nourrissent l’expérience humaine sous de très nombreux aspects et doivent faire l’objet d’âpres discussions aux sources même de nos (…)